Soutenabilité et produits de consommation : les principales tendances pour 2025

Soutenabilité et produits de consommation : tendances pour 2025

17 février 2025
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Imaginez des concurrents s’unissant pour créer des filières de recyclage là où il n’en existe pas, ou des épiceries mobiles sillonnant les zones rurales où les supermarchés se font rares. Face à des réglementations de plus en plus strictes, le secteur agroalimentaire innove rapidement vers la soutenabilité. Quelles tendances marqueront 2025 et au-delà ? Apolline Herbinet, Responsable RSE - Solution Lead sustainability chez delaware, nous éclaire sur le sujet. 

By Apolline Herbinet - Responsable RSE - Solution Lead sustainability - delaware France

La soutenabilité : enjeu crucial 

« Les questions de soutenabilité sont cruciales pour le secteur agroalimentaire », explique Apolline Herbinet. Pourquoi ? « D’abord parce que ce secteur de pointe mobilise des ressources limitées pour nourrir la planète. Ensuite, la question du bien-être animal devient de plus en plus pressante. » 

« L’impact environnemental potentiel tout au long de la chaîne de valeur, par exemple au niveau de l’emballage ou du transport, constitue un autre point de préoccupation. Sans compter que les acteurs de l’agroalimentaire font vivre des millions de travailleurs, ce qui exige une rémunération juste et des conditions équitables. » La planète, les personnes et l’économie sont les trois piliers de la soutenabilité qui façonnent l’agenda 2025 de l’industrie agroalimentaire. 

La planète, les personnes et l’économie sont les 3 piliers qui guident la soutenabilité agroalimentaire.
Apolline Herbinet, Responsable RSE - Solution Lead sustainability chez delaware

Lutte contre la déforestation : l'EUDR à l'honneur 

Les législateurs s'attaquent à ces questions de durabilité. Le règlement européen contre la déforestation (EUDR), un élément du Green Deal, vise à garantir que les produits disponibles sur le marché européen ne proviennent pas de la déforestation. 

« Initialement prévue pour 2025, cette réglementation sera appliquée à partir de 2026 pour laisser aux entreprises le temps de se préparer. Elle concernera de nombreux produits, dont le cacao, le café, l’huile de palme, le soja ou encore la viande bovine », précise Apolline Herbinet. « Les entreprises devront s’assurer que les biens importés, commercialisés ou produits respectent cette obligation. Cela implique de collecter et d’enregistrer des données, ainsi que de procéder aux contrôles nécessaires pour évaluer et atténuer les risques tout au long de la chaîne d’approvisionnement. » 

La gestion de ces opérations sera complexe. Pour réduire cette complexité, une approche automatisée intégrée aux systèmes des entreprises est idéale. 

Transparence maximale avec le CSRD

Avec la « Corporate Sustainability Reporting Directive » (CSRD), l’Europe instaure des obligations de reporting pour renforcer la transparence. L’application de la directive est progressive, en fonction du chiffre d’affaires, et débutera en 2024 pour les plus grandes entreprises. « D’ici 2028, 60 000 entreprises devront rendre compte de leurs actions durables », en utilisant des KPI pertinents selon leur contexte. Cette directive recense 1 193 types de données pouvant être analysées, soulignant l’ampleur de la tâche. 

Pour le secteur agroalimentaire, cela inclut des questions cruciales telles que l’emballage, avec l’obligation de communiquer les actions visant à prévenir la production de déchets, ainsi que le bien-être animal, l’utilisation des ressources en eau et l’impact des activités sur la biodiversité. Les rapports doivent être complets et couvrir toute la chaîne de valeur, y compris les fournisseurs et les partenaires externes. Si une entreprise ne dispose pas des informations requises, elle doit préciser les actions prévues pour les obtenir. 

La transparence réglementaire pousse les entreprises à innover durablement.
Apolline Herbinet, Responsable RSE - Solution Lead sustainability chez delaware

Présentation du passeport produit numérique 

La réglementation européenne sur l'écoconception des produits durables a donné naissance au passeport produit numérique, qui renforce la transparence. Ce passeport permettra d'informer les consommateurs sur les performances d'un produit en matière de durabilité et de circularité, par exemple via un QR code renvoyant vers une plateforme hébergeant ces informations. 

« Elle prendra en compte différents critères : plastique utilisé, emballage, bien-être animal, impact sur les ressources, performance sociale... Elle devrait s'appliquer dans un premier temps à des produits comme les smartphones, les ordinateurs ou les batteries », explique Apolline.

Au niveau local, la législation évolue également. « Des mesures nationales telles que la taxe sur le plastique introduite au Royaume-Uni et en Espagne préfigurent l’émergence de législations similaires dans d’autres pays comme la France. »

Transformer les défis en opportunités

Si la réglementation apporte des contraintes, elle offre aussi des opportunités de création de valeur et d’innovation. Des projets concrets voient déjà le jour. « Voyez ces centres de collecte de produits laitiers où même les plus petits producteurs peuvent vendre leur lait, dynamisant ainsi l’économie locale », illustre Apolline.

« Ou encore cette épicerie mobile d'un grand groupe français qui dessert des zones rurales isolées, loin des grands supermarchés, contribuant ainsi à reconstruire du lien social. »

« Les initiatives locales, comme les centres de collecte de produits laitiers, stimulent l’économie et renforcent le tissu social. »

Révolution du recyclage : travailler ensemble

Apolline met en avant la coalition des entreprises agroalimentaires autour du recyclage et de la collecte des déchets. « Les concurrents s’associent pour mettre en place les filières de recyclage dont ils ont besoin pour leurs activités dans certains pays où elles n’existent pas encore. Cela réduit l’impact écologique et stimule l’innovation. Dans la même logique collaborative, les entreprises concurrentes exigent d’une seule voix que leurs fournisseurs respectent les mêmes normes environnementales pour leurs cultures. »

Une autre tendance positive que nous observons est celle de cette entreprise implantée dans une région côtière d’un pays en développement qui rémunère les habitants pour la collecte des déchets plastiques. Ces déchets sont ensuite réutilisés dans la production, ce qui procure un triple bénéfice : économique, écologique et social. 

Lorsque les concurrents s’unissent, ils créent des solutions et ouvrent la voie à l’innovation.
Apolline Herbinet, Responsable RSE - Solution Lead sustainability chez delaware

Collecte de données : un défi de taille

Quelle est la priorité face à ces nouvelles tendances et réglementations ? « La collecte de données ! », affirme Apolline. « Non seulement parce que les volumes sont énormes, mais aussi parce que les chaînes de valeur sont particulièrement étendues et impliquent souvent de multiples fournisseurs. Disposer de données qualitatives, vérifiables et quantifiables est essentiel, même si cela prend du temps. »

Cela permet de mener des actions à forte valeur ajoutée, non seulement pour l’entreprise mais aussi pour ses collaborateurs et ses parties prenantes. « Il faut agir par conviction, pas seulement pour se démarquer des autres. Cela nécessite des compétences et des ressources adaptées, mais aussi de tirer parti des bons outils pour collecter, transformer et analyser les données. »

L’IA nous soulage du fardeau des tâches mécaniques, nous permettant de recentrer nos efforts sur une stratégie durable. 
Apolline Herbinet, Responsable RSE - Solution Lead sustainability chez delaware

L'IA : un accélérateur

« En termes de solutions, l’intelligence artificielle s’avère être un atout majeur. Par exemple, chez delaware, nous utilisons un outil innovant qui détecte automatiquement les villes de départ et d’arrivée pour calculer instantanément le bilan CO2 de nos déplacements professionnels, en fournissant des données très détaillées et qualitatives. » 

« Auparavant, ces calculs manuels prenaient énormément de temps. » Cet outil est donc une véritable révolution, car le temps gagné permet désormais de se concentrer davantage sur la stratégie et le plan d'action.

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